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La vierge disparue

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Un jour, notre grand-père, qui était notaire, part faire signer un acte dans une ferme des environs. Selon les règles de politesse bien établies, une fois ses affaires en ordre, le fermier propose :

« Et maintenant, Maître, vous prendrez bien quelque chose »,

Il est bien entendu hors de question de refuser, au risque d’ingurgiter un alcool « maison » parfois discutable.

Toujours en respectant les usages, le fermer sort du buffet deux verres qu’il essuie préalablement soigneusement avec une grande et belle serviette ancienne. L’attention de notre grand-père est attirée par les armes brodées sur la serviette dans lesquelles il reconnaît facilement les armes de la famille Clauzel (écartelé : au 1, d'azur, à trois étoiles mal-ordonnées d'argent; aux 2 et 3, d'azur, à deux chevrons d'or, acc. de trois mains dextres appaumées d'argent; au 4, d'or, à trois crabes de gueules, les tenailles en haut).

 Il interroge son hôte sur cette serviette qui lui dit alors :

« A vous Maître je peux bien raconter l’histoire de cette serviette, car cette histoire concerne le Secourieu et puis maintenant est bien ancienne.

« En effet, un de mes ancêtres était au service du Maréchal Clauzel qui avait totale confiance en lui.

« Or le Maréchal Clauzel avait ramené de ses campagnes - était-ce d’Espagne, d’Italie ou d’ailleurs, je ne le sais pas- une grande et magnifique statue. Cette statue représentait une vierge, grandeur nature, et surtout cette statue était en or massif !

« Comme vous le savez, la vie du Maréchal Clauzel a été pleine de rebondissements et, plus d’une fois, il a été amené à quitter précipitamment le Secourieu, parfois pour guerroyer, parfois pour fuir… A l’une de ces occasions, il a voulu mettre en sécurité la vierge en or massif. Compte tenu de sa taille et de son poids , il ne pouvait la transporter tout seul. Aussi a-t-il fait appel à quelques serviteurs fidèles, dont mon ancêtre, pour l’aider dans cette tâche, et afin que leurs mains plus ou moins calleuses ne puissent abîmer la statue, il a donné à chacun une serviette de table qu’il leur a ensuite demandé de conserver en souvenir avec consigne de garder le secret. »

« Voici donc plusieurs générations que nous transmettons dans ma famille, la serviette et son secret. ».

Par contre son hôte n’a pas indiqué à mon grand-père où la statue avait été cachée, disant l’ignorer…Depuis, beaucoup se sont essayés à retrouver la statue mais - a priori - sans succès.

Il faut dire que si cette vierge a existé (car le Maréchal Clauzel ne s’est pas enrichi dans ses différentes missions), elle n’a pas dû survivre aux difficultés financières que le Maréchal Clauzel a connues dans ses dernières années…

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